La méditation des textes de ce dimanche suscite en nous cette question à laquelle il est bon de répondre: Quel est le bonheur des pauvres? Peut-être que vous avez une bonne réponse!
Mais en écoutant ou en lisant l’Evangile que la Liturgie a prévu, il est tentant de considérer Jésus comme opposé aux riches ou cynique par rapport aux pauvres. Son message est pourtant tout autre : le bonheur est là où nous regardons le moins. Nous nous focalisons sur les choses que nous possédons et nous sommes inquiets de les perdre.
Nous pensons que ceux qui n’en ont pas autant sont pauvres et malheureux. Pour éviter d’être comme eux, nous nous préoccupons d’en avoir davantage, engranger plus de bénéfices, et parfois sur leur dos.
Par contre, le bonheur de ces pauvres est leur solidarité entre eux ; le malheur des riches réside dans la perte de confiance des pauvres dès que leur conscience est réveillée.
En saint Luc, Jésus n’a fait qu’accomplir la prophétie d’Isaie : « Les malheureux se réjouiront de plus en plus dans le Seigneur, et les pauvres feront du Saint d’Israel, le sujet de leur allégresse » (Is29,19). Jésus est venu changer le regard des riches et des pauvres car c’est à tous que la parole de Dieu c’est adressé : « C’est vous qui êtes des fils des prophètes et de l’Alliance que Dieu a conclue avec vos pères quand il disait à Abraham : ‘en ta descendance seront bénies toutes les familles de la terre » (Ac 3,25)
Et comme les fils imitent quelques fois leur père, Jésus n’a pas omis d’envoyer les prophètes : « Vous donc, mettez le comble à la mesure de vos pères…voici que moi j’envoie vers vous des prophètes, des sages et des scribes ; vous tuerez et crucifierez les uns, vous en flagellerez les autres. » (Mt 23,32.34) Mais que fait un prophète pour qu’il soit ainsi traité ? « Celui qui prophétise, dit saint Paul, parle pour les hommes : il est constructif, il réconforte, il encourage » (1 Cor14,3)
Pour Jésus, tous sont heureux, ces gens dont la vie a poussé ses racines vers la source qui leur permet de produire des fruits. C’est pourquoi ses yeux ne sont pas levés vers le ciel mais sur ses disciples.
Eux qui ont cru dans sa mort et dans sa résurrection auront la mission d’aider leurs frères à mettre leur espoir dans le Seigneur dont la bonté et la tendresse n‘ont pas de limites.
Heureux êtes-vous les pauvres parce que disciples du Christ. Vous serez nombreux à le redire avec raison : « Béni soit l’homme qui met sa foi dans le Seigneur, et dont le Seigneur est la confiance »
Louange à Dieu pour ce dimanche et toute la semaine qui vient.
Père Protogène BUTERA