Le plus connu de tous les philosophes anciens,Platon(429-347 av.J.C)a fait passer ses idées à travers le personnage de son maître:Socrate.
Grâce à lui,il n’a pas seulement introduit la forme idéale de la République,il a démontré le plan de sa République dont l’achèvement est l’œuvre du philosophe(ami de la sagesse)-roi.
Sans interprétations ni commentaires,ces quelques extraits vous permettront de repérer son originalité et de comparer les situations (ou difficultés) susceptibles de conduire à l’échec même du philosophe-roi dans l’action politique (art de conduire la cité).
A. Artisans de la Cité-République:
Le philosophe(roi) et le tyran
« Notre idée est de forger l’image d’une cité heureuse sans y réserver le bonheur à une petite élite,mais à l’ensemble des citoyens. Nous avons assez de talents pour mettre à des paysans le beau costume,les couvrir d’or,et les faire ensuite travailler pour le plaisir.Nous pouvons par ce biais donner le bonheur à tout le monde,et la cité toute entière sera donc dans le bonheur.
Les assistants et les gardiens de notre cru auront l’obligation physique et morale d’être les meilleurs artisans dans leur ouvrage propre,et cette obligation s’étendra aux autres citoyens à leur tour.Alors,la prospérité générale de la cité,son bon fonctionnement, permettront que toutes les classes reçoivent de la nature leur part individuelle de bonheur.Mais nos gardiens devront absolument garder la cité contre les envahisseurs clandestins:la richesse et la pauvreté » (Livre IV,420-421).
« La cité qui a pris un bon départ va comme un cercle qui s’agrandirait.Si la formation et l’éducation sont maintenues en bon état,elles produisent des natures saines;en bon état elles-mêmes,ces natures profitent en retour de l’éducation pour progresser,en particulier dans leur fonction génésique,comme on le voit en général chez les êtres vivants.Bref,le devoir s’impose aux responsables de la cité,de résister à toute corruption subreptice. » (Livre IV,§424)
« Voilà un petit groupe de sages,qui ont apprécié la douceur de leur bien et la bénédiction qu’elle représente.Ils voient bien assez en revanche la foule et sa démence, et comme rien ni personne n’est sain,pour ainsi dire,dans l’action politique,ils n’y trouvent pas d’allié qui vous aide à venir à la rescousse de la justice en gardant la vie sauve.
Ils se trouvent dans la position d’un homme qui tombe au milieu de fauves:il refuse de collaborer à l’injustice,mais il n’a pas non plus la force de résister seul contre tous aux prises avec des bêtes féroces.Il n’aura même pas le temps de rendre à la cité ou à ses amis le moindre service,et il aura péri avant de s’être rendu utile à lui-même ou à l’autrui.Le résultat de tout ce raisonnement est que le sage reste paisible à s’occuper de ses propres affaires,comme lorsque par mauvais temps les tourbillons et les paquets d’eau giclent sous le vent et qu’on se met au couvert de la muraille,à l’écart;il voit les autres s’enfoncer dans le mépris des lois,trop heureux lui-même s’il peut rester propre de toute injustice comme de tout acte d’impiété au cours de sa vie,pour avoir,quand il s’en ira,une belle espérance,sereine et amicale,au moment du départ ».(Livre VI,§496)
« Homme de tous les bonheurs,ne sois pas si radical dans les griefs contre la foule. L’opinion des gens évoluera,pour peu qu’au lieu de les agresser,tu les prennes bien,que tu démontes les accusations qui pèsent sur la vie intellectuelle:montre-leur à qui tu donnes le nom de philosophes;donne,comme nous le faisons présentement,une définition de ce qu »ils sont au départ et de leur profession,pour que les gens n’imaginent pas que tu parles des philosophes tels qu’ils se les représentent.Ce portrait fera évoluer leur opinion et il modifiera leurs réponses ».
(Livre VI,§500)
« Si tu découvres demain un style de vie préférable à l’exercice du pouvoir pour intéresser ceux qui vont exercer le pouvoir,tu seras en passe de voir naître une cité en bon état.C’est là seulement,en effet,qu’exerceront le pouvoir les riches véritables,riches dune richesse qui n’est plus l’or,mais qui consiste en ce trésor indispensable au bonheur,une vie de bien et de prudence.Mais que des miséreux,dévorés par l’envie d’avoir des biens personnels,parviennent aux affaires publiques dans l’idée que ces biens sont à disposition et qu’ils doivent s’en emparer,la vraie cité n’est plus possible:c’est la lutte pour le pouvoir qui passe à l’ordre du jour;dans les murs mêmes,une guerre intestine les détruit,eux et le reste de la cité. » (Livre VII §521)
*Entrée du tyran
« (Le tyran),les premiers jours,les premiers temps,il sourit à chacun;il salue tous ceux qu’il rencontre.Il refuse le nom de tyran.Il fait quantité de promesses privées ou publiques,où les dettes sont libéralisées,la terre partagée au peuple et à son entourage. Tout le monde bénéficie des faveurs et de l’amabilité qu’il affecte.
Lorsque ses adversaires,maintenant éloignés, ont été écartés ou détruits,et qu’il est tranquille de ce coté,ce premier travail est de monter des guerres:il faut que le besoin d’avoir un commandant militaire occupe le peuple . Et,j’imagine,il en est qu’il soupçonne de nourrir des idées de liberté qui les conduisent à refuser son autorité.Il trouve alors les moyens et l’occasion de les faire disparaitre en les livrant à l’ennemi.
Autant de raison pour que le tyran soit obligé de prolonger indéfiniment la guerre et son agitation.Toute son acuité devra passer à repérer le citoyen courageux,le généreux, l’intelligent,le fortuné.Et voilà son bonheur:à tous ces gens de valeur il devra nécessairement, qu’il le veuille ou non,déclarer la guerre et tendre des pièges jusqu’au nettoyage complet de la cité » (Livre VIII,§566-567).
A suivre…
By P.B
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