Le Pape François: NOUVEAUTE attendue de la PANDEMIE

Dans son discours à la Curie romaine pour les vœux de Noël 2020, le Pape François a fait éloge de la crise comme une occasion propice au changement, au nettoyage. La crise , dit-il, est un phénomène qui investit tout et chacun. Elle est présente partout et à toute époque de l’histoire, elle implique les idéologies, la politique, l’économie, la technique, l’écologie, la religion. Il s’agit d’une étape obligatoire de l’histoire personnelle et de l’histoire sociale. Elle se manifeste comme un événement extraordinaire qui cause toujours un sentiment d’appréhension, d’angoisse, de déséquilibre et d’incertitude dans les choix à faire. Comme le rappelle la racine étymologique du verbe krino : la crise est ce tamis qui nettoie le grain de blé après la moisson.

Cette réflexion sur la crise met en garde de juger hâtivement l’Eglise sur la base des crises causées par les scandales d’hier et d’aujourd’hui, comme le fit le prophète Elie qui, s’épanchant sur le Seigneur, lui présenta un récit de la réalité dépourvu d’espérance : « J’éprouve une ardeur jalouse pour toi, Seigneur, Dieu de l’univers. Les fils d’Israël ont abandonné ton Alliance, renversé tes autels, et tué tes prophètes par l’épée ; moi, je suis le seul à être resté et ils cherchent à prendre ma vie » (1 R 19, 14).

Combien de fois nos analyses ecclésiales ont ressemblé aussi à des récits sans espérance! Une lecture de la réalité sans espérance ne peut être dite réaliste. L’espérance donne à nos analyses ce que, si souvent, notre regard myope est incapable de percevoir. Dieu répond à Elie que la réalité n’est pas comme il l’a perçue : « Repars vers Damas, par le chemin du désert. […] Je garderai en Israël un reste de sept mille hommes : tous les genoux qui n’auront pas fléchi devant Baal et toutes les bouches qui ne lui auront pas donné de baiser » (1 R 19, 15.18). Ce n’est pas vrai qu’il est seul : il est en crise.

Celui qui ne regarde pas la crise à la lumière de l’Evangile se contente de faire l’autopsie d’un cadavre : il regarde la crise, mais sans l’espérance de l’Evangile, sans la lumière de l’Evangile. Nous sommes effrayés par la crise non seulement parce que nous avons oublié de l’évaluer comme l’Evangile nous invite à le faire, mais aussi parce que nous avons oublié que l’Evangile est le premier à nous mettre en crise. C’est l’Evangile qui nous met en crise. Mais si nous trouvons de nouveau le courage et l’humilité de dire à haute voix que le temps de la crise est un temps de l’Esprit, alors, même devant l’expérience de l’obscurité, de la faiblesse, de la fragilité, des contradictions, de l’égarement, nous ne nous sentirons plus écrasés. Nous garderons toujours l’intime confiance que les choses vont prendre une nouvelle tournure jaillie exclusivement de l’expérience d’une grâce cachée dans l’obscurité. En effet, « l’or est vérifié par le feu, et les hommes agréables à Dieu, par le creuset de l’humiliation » (Si 2, 5).

La crise aux confins du conflit

Le Saint Père invite à distinguer la crise du conflit. Ce sont deux choses différentes, affirme-t-il. La crise a généralement une issue positive alors que le conflit crée toujours une contradiction, une compétition, un antagonisme apparemment sans solution entre amis à aimer et ennemis à combattre, avec la victoire qui en découle d’une des parties.

La logique du conflit cherche toujours les “coupables” à stigmatiser et à mépriser et les “justes” à justifier pour introduire la conscience – très souvent magique – que telle ou telle situation ne nous appartient pas. Cette perte de sens d’une appartenance commune favorise le développement où l’affirmation de certaines attitudes à caractère élitiste et de “groupes clos” qui promeuvent des logiques limitatives et partielles, qui appauvrissent l’universalité de notre mission. « Quand nous nous arrêtons à une situation de conflit, nous perdons le sens de l’unité profonde de la réalité » (Exhort. ap. Evangelii gaudium, n. 226).

Lire l’Eglise selon les catégories du conflit – droite et gauche, progressistes et traditionnalistes – fragmente, polarise, pervertit et trahit sa véritable nature : elle est un corps toujours en crise justement parce qu’il est vivant, mais elle ne doit jamais devenir un corps en conflit avec des vainqueurs et des vaincus. Car, de cette manière, elle répandra la crainte, elle deviendra plus rigide, moins synodale et imposera une logique uniforme et uniformisante, bien loin de la richesse et de la diversité que l’Esprit a donné à son Eglise.

La nouveauté introduite par la crise voulue par l’Esprit n’est jamais une nouveauté en opposition à ce qui est ancien, mais une nouveauté qui germe de l’ancien et le rend toujours fécond. Jésus utilise une expression qui exprime de manière simple et claire ce passage : « Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit » (Jn 12, 24). L’acte de mourir de la semence est un acte ambivalent parce qu’il marque en même temps la fin de quelque chose et le début de quelque chose d’autre. Nous appelons le même moment mort-pourrir et naissance-germer car ils sont une même chose : nous voyons sous nos yeux une fin et, en même temps, dans cette fin se manifeste un nouveau commencement.

Que faire pendant la crise?

Comment vivre la crise comme un lieu de changement? Le Pape a des réponses: « Avant tout, l’accepter comme un temps de grâce qui nous est donné pour comprendre la volonté de Dieu sur chacun de nous et pour toute l’Eglise. Il faut entrer dans la logique apparemment contradictoire du « lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort » (2 Co 12, 10). Il faut se souvenir de l’assurance donnée par saint Paul aux Corinthiens : « Dieu est fidèle : il ne permettra pas que vous soyez éprouvés au-delà de vos forces. Mais avec l’épreuve il donnera le moyen d’en sortir et la force de la supporter » (1 Co 10, 13).

Selon lui , il est essentiel de ne pas interrompre le dialogue avec Dieu, même s’il est laborieux. Prier n’est pas facile. Nous ne devons pas nous fatiguer de prier sans cesse (cf. Lc 21, 36 ; 1 Th 5, 17). Nous ne connaissons pas d’autre solution aux problèmes que nous sommes en train de vivre, si non celle qui consiste à prier davantage et, en même temps, faire tout ce qui nous est possible avec plus de confiance. La prière nous permettra d’“espérer contre toute espérance” (cf. Rm 4, 18).

Enfin, le pape François a formulé avec force son exhortation: « gardons une grande paix et une grande sérénité, dans la pleine conscience que nous tous, moi le premier, sommes des « serviteurs inutiles » (Lc 17, 10) auxquels le Seigneur a fait miséricorde. C’est pourquoi il serait beau que nous cessions de vivre en conflit et que nous recommencions au contraire à nous sentir en chemin, ouverts à la crise. Le chemin est toujours en relation avec des verbes de mouvement. La crise est mouvement, elle fait partie du chemin. Le conflit, en revanche, est un faux chemin, il est un vagabondage sans but ni finalité, il signifie rester dans le labyrinthe, il est seulement gaspillage d’énergies et occasion de maux. Et le premier mal auquel nous conduit le conflit, et dont nous devons chercher à rester à distance, est le bavardage : soyons attentifs à cela !

Texte intégral: Discours du Pape François à la Curie romaine pour Noël 2020

By P.Protogène BUTERA

Auteur : protosbuyahoofr

Prêtre amateur de Philosophie politique et de Philosophie économique autant bien que du Droit de la Santé, je suis révolté par la misère de certains peuples vivant sous le seuil de la pauvreté. Ces questions me préoccupent: Pourquoi sont-ils dans cet état(de pauvreté)?Y a-t-il un moyen d'en sortir pour parvenir au bien-être atteignable? N'ont-ils pas droit au bonheur raisonnable? Mon doigt et mon regard se focaliseront sur les causes tandis que mon cœur méditera sur les actions susceptibles d'amélioration. Portant le même souci de nous informer sans polémiquer, nous ne tairons pas nos droits inaliénables ,car les devoirs s'imposent à nous. Dans cette voie, je compte sur vos commentaires et vos témoignages pour plus de lumière. P.B

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