Les mots sont durs: « En colonisant l’Algérie, la France a rendu sa population analphabète. » C’est ce qu’a estimé Abdelmadjid Chikhi, le directeur des Archives nationales de l’autre côté de la Méditerranée.
Cité par plusieurs médias locaux, celui qui est également conseiller pour les questions mémorielles du président algérien Abdelmadjid Tebboune a assuré qu’au début de la colonisation française, en 1830, «tous les Algériens lisaient et écrivaient». Citant, sans les nommer, «les historiens», il a expliqué que «le taux d’analphabétisme n’approchait pas les 20% de la population».
Abdelmadjid Chikhi, qui s’exprimait samedi lors d’une «Journée du savoir», organisée au centre des archives à Alger, a ensuite développé son propos. «Pendant les trente premières années de colonisation, la France avait éliminé les personnes qui lisaient et qui écrivaient. Il s’en est suivi l’ère du pillage», a-t-il déclaré
Selon Cnews.fr, ces déclarations promettent d’alimenter encore un peu plus les tensions entre Paris et Alger, nées de la remise en janvier dernier d’un rapport de l’historien Benjamin Stora à l’Elysée. Censé amorcer une «réconciliation des mémoires» entre la France et l’Algérie, celui-ci avait été froidement accueilli par Alger.
Emmanuel MACRON, pas pour la repentance
Lors d’un entretien au Figaro, dimanche 18 avril, le président français Emmanuel Macron a qualifié d »inacceptable » la déclaration du ministre algérien du Travail, Hachemi Djaaboub, qui a affirmé que la France était « l’ennemi traditionnel et éternel » des Algériens alors qu’il y a « une volonté partagée de réconciliation des mémoires entre Français et Algériens. »
En revanche, s’il reconnait l’existence de « quelques résistances » en Algérie, il est convaincu que tout le monde n’est pas non plus d’accord en France:
« Ne vous y trompez pas, derrière le sujet franco-algérien il y a d’abord un sujet franco-français« , affirme-t-il au Figaro. « Au fond, nous n’avons pas réconcilié les mémoires fracturées ni construit un discours national homogène (…) La mémoire fracturée, c’est celle des pieds-noirs, celle des harkis, celle des appelés du contingent, celle des militaires français, celle des Algériens venus ensuite en France, celle des enfants de cette migration, celle des binationaux… ».
« Je ne suis ni dans la repentance ni dans le déni. Je crois dans une politique de la reconnaissance qui rend notre nation plus forte », ajoute-t-il.
Que sera la suite? Réconciliation sans repentance sera-t-elle complète? A scruter les différents discours qui seront tenus le jour de l’indépendance: le 5 juillet, après 132 ans de colonisation(1830-1962).
By Protogène BUTERA