Dans la continuité des béatitudes de Luc(dimanche dernier), l’Évangile de ce 7° dimanche nous adresse un commandement nouveau qui heurte pourtant les esprits de chercheurs de nouveauté et qui confirme par ailleurs le désir de chacun : être aimé. Concrètement, chacun n’est-il pas ennemi de quelqu’un et bien-aimé de quelqu’un d’autre ?
Si ce commandement parait difficile, son application est adoucie et simplifiée par ce principe connu depuis longtemps : « Ce que tu n’aimes pas toi-même, ne le fais à personne ». Ne veux-tu pas avoir une vie bonne, avec moins de soucis et moins de fragilités ?
Pour cela, la deuxième lecture nous rappelle que la vie est un cadeau fait d’argile. Ce cadeau est donc délicat. Il faut le traiter avec délicatesse. Ce qui ne pose pas de problème d’autant que chacun sait en prendre soin. La différence réside dans l’intensité et la qualité de soins exigés par son propre corps.
En entretenant ce corps, c’est le physique qui passe en premier lieu tandis que le spirituel est relégué en second lieu, s’il n’est pas oublié. C’est cette mesure qui doit être bien tassée, équilibrée pour nous qui, par le baptême, buvons à la même coupe du Seigneur : sa mort et sa résurrection.
Quiconque reconnait que le Christ est l’origine de ce cadeau qu’est la vie, comprend pourquoi il nous est dit : « Vous serez les fils du Dieu Très-Haut », car Jésus lui-même vient du ciel. En le recevant, nous passons de l’être physique, adamique, à l’être spirituel, christique, dans la mesure où nous recherchons des biens spirituels que nous obtenons en répondant à ce commandement : « Faites du bien »
Regardons quel bien nous pouvons faire à nos ennemis. L’exemple de David et Saul est éclairant : se mettre à une bonne distance (éviter la collision), ne pas arrêter le dialogue et au besoin, faire intervenir un médiateur (=ce jeune garçon qui doit traverser…)
Afin de parfaire notre chemin, cinq autres actions possibles sont énoncées à l’impératif : soyez (miséricordieux=parfaits), ne jugez pas, ne condamnez pas, pardonnez, donnez. Ces actions nous font du bien d’abord à nous-mêmes, nous remplissent de tonus pour nous remettre dans la course et proposer ce bien aux autres. Et il n’est pas déraisonnable de s’y mettre, car juger, condamner, calomnier…nous séparent de tous ces gens sujets de notre regard.
Fils du Très-Haut, nous pouvons être juges ou avocats, donc amenés à juger, à condamner ou à défendre ; nous avons à nous montrer à la hauteur de toutes les attentes et de nos responsabilités. Et toutes les armes sont à notre portée si nous agissons de manière à ne pas perdre la couronne, car, comme le dit le Psalmiste, « Le Seigneur te couronne d’amour et de tendresse » afin que la haine et la vengeance ne prennent point le dessus.
A bon entendeur, salut !
By P.Protogène BUTERA
Voici les lectures de ce dimanche:
PREMIÈRE LECTURE (1 S 26, 2.7-9.12-13.22-23) Lecture du premier livre de Samuel En ces jours-là, Saül se mit en route,il descendit vers le désert de Zif avec trois mille hommes, l’élite d’Israël, pour y traquer David. David et Abishaï arrivèrent de nuit, près de la troupe. Or, Saül était couché, endormi, au milieu du camp, sa lance plantée en terre près de sa tête ; Abner et ses hommes étaient couchés autour de lui. Alors Abishaï dit à David : « Aujourd’hui Dieu a livré ton ennemi entre tes mains. Laisse-moi donc le clouer à terre avec sa propre lance, d’un seul coup, et je n’aurai pas à m’y reprendre à deux fois. » Mais David dit à Abishaï : « Ne le tue pas ! Qui pourrait demeurer impuni après avoir porté la main sur celui qui a reçu l’onction du Seigneur ? » David prit la lance et la gourde d’eau qui étaient près de la tête de Saül, et ils s’en allèrent. Personne ne vit rien, personne ne le sut, personne ne s’éveilla : ils dormaient tous, car le Seigneur avait fait tomber sur eux un sommeil mystérieux. David passa sur l’autre versant de la montagne et s’arrêta sur le sommet, au loin, à bonne distance. Il appela Saül et lui cria : « Voici la lance du roi. Qu’un jeune garçon traverse et vienne la prendre ! Le Seigneur rendra à chacun selon sa justice et sa fidélité. Aujourd’hui, le Seigneur t’avait livré entre mes mains, mais je n’ai pas voulu porter la main sur le messie du Seigneur. » – Parole du Seigneur. | PREMIÈRE LECTURE (1 Co 15, 45-49) Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens Frères, l’Écriture dit : Le premier homme, Adam, devint un être vivant ; le dernier Adam – le Christ – est devenu l’être spirituel qui donne la vie. Ce qui vient d’abord, ce n’est pas le spirituel, mais le physique ; ensuite seulement vient le spirituel. Pétri d’argile, le premier homme vient de la terre ; le deuxième homme, lui, vient du ciel. Comme Adam est fait d’argile, ainsi les hommes sont faits d’argile ; comme le Christ est du ciel, ainsi les hommes seront du ciel. Et de même que nous aurons été à l’image de celui qui est fait d’argile, de même nous serons à l’image de celui qui vient du ciel. – Parole du Seigneur. | ÉVANGILE (Lc 6, 27-38) Évangile de Jésus Christ selon saint Luc En ce temps-là, Jésus déclarait à ses disciples : « Je vous le dis, à vous qui m’écoutez : Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent. Souhaitez du bien à ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous calomnient. À celui qui te frappe sur une joue, présente l’autre joue. À celui qui te prend ton manteau, ne refuse pas ta tunique. Donne à quiconque te demande, et à qui prend ton bien, ne le réclame pas. Ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites-le aussi pour eux. Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle reconnaissance méritez-vous ? Même les pécheurs aiment ceux qui les aiment. Si vous faites du bien à ceux qui vous en font,quelle reconnaissance méritez-vous ? Même les pécheurs en font autant. Si vous prêtez à ceux dont vous espérez recevoir en retour, quelle reconnaissance méritez-vous ? Même les pécheurs prêtent aux pécheurs pour qu’on leur rende l’équivalent. Au contraire, aimez vos ennemis, faites du bien et prêtez sans rien espérer en retour. Alors votre récompense sera grande, et vous serez les fils du Très-Haut, car lui, il est bon pour les ingrats et les méchants. Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux. Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ; ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés. Pardonnez, et vous serez pardonnés. Donnez, et l’on vous donnera : c’est une mesure bien pleine, tassée, secouée, débordante, qui sera versée dans le pan de votre vêtement ; car la mesure dont vous vous servez pour les autres servira de mesure aussi pour vous. » – Acclamons la Parole de Dieu. |