Suite au discours du Premier Ministre français, Edouard Philippe(28 avril), sur les pistes de déconfinement, certains catholiques , aussi bien les prêtres que les évêques, se sont sentis marginalisés ou déconsidérés: Lefigaro.fr: appel de cent-trente prêtres au Président de la République.
Alors que Mgr Eric de Moulin-Beaufort(archevêque de Reims)regrette que « les évêques n’aient pas été traités en partenaires responsables » et que Mgr Matthieu Rougé(évêque de Nanterre)parle de « manque de respect envers les croyants »,Mgr Pierre d’Ornellas, archevêque de Rennes, préfère jouer à l’apaisement. Nous publions l’intégralité de sa déclaration sur ce sujet et ce qu’il demande aux fidèles de sa juridiction.

À l’Assemblée Nationale, ce 28 avril 2020, le Premier Ministre a déclaré : « Je sais l’impatience des communautés religieuses (…) mais je crois qu’il est légitime de demander de ne pas organiser de cérémonies avant cette barrière du 2 juin. »
Déclaration
Moi aussi, je comprends l’impatience des catholiques. J’entends leurs souffrances. Peut-être seuls des croyants pratiquants peuvent comprendre cela. Je suis étonné qu’on ne perçoive pas l’impact social des chrétiens qui se réunissent pour prier. La foi qui conduit à servir est essentielle à la vie de la société.
En effet, les catholiques participent avec tous à l’épreuve de cette épidémie. Ils continueront à respecter loyalement les règles sanitaires, par amour du prochain. Ils continueront aussi à s’engager dans la solidarité auprès des familles fragilisées par cette crise, notamment par les paniers-repas, le soutien scolaire, l’écoute et la créativité pour sortir de leur souffrance les personnes isolées. Après le 11 mai, ils auraient été capables de se réunir pour la messe du dimanche et d’accompagner les enfants du catéchisme en respectant avec prudence les règles sanitaires.
J’ai confiance que les catholiques sauront vivre ce temps prolongé de confinement avec sagesse, en comprenant, à la lumière de l’Évangile, que le grand défi que lance à tous cette épidémie, c’est de prendre soin les uns des autres avec bienveillance et paix. S’il y a un monde nouveau à édifier, c’est celui-là dans tous les domaines de la vie sociale et économique. Grâce à leur foi, les catholiques s’y engageront avec ardeur.
Prendre soin du plus pauvre ou du plus fragile, et leur rendre toute leur dignité dans la société, c’est être vraiment humain, c’est servir Dieu lui-même. Encore privés de la messe pour plus d’un mois, les catholiques savent qu’aimer son prochain en actes et en vérité est le plus beau culte rendu à Dieu. Le pape François nous rappelle souvent cette phrase du grand et saint poète espagnol, Jean de la Croix : « au soir de cette vie, tu seras jugé sur l’amour ».
Mgr Pierre d’Ornellas
28 avril 2020
Signe de division ou défaut d’unanimité?
En prenant acte, mais avec regret, de la décision du Gouvernement d’imposer l’ouverture des cultes au 2 juin,le Conseil Permanent de la Conférence des Évêques de France , au nom de tous les évêques, dit ne pas comprendre en quoi « la pratique ordinaire de la messe favorise la propagation du virus et gène le respect des gestes barrières plus que bien des activités qui reprendront bientôt. »

Rappelant que « la dimension spirituelle et religieuse de l’être humain contribue à la paix des cœurs, à la force dans l’épreuve, à la fraternité entre les personnes, et à toute la vie sociale »,ce Conseil encourage les fidèles à se rendre dans les églises pour y prier individuellement ; recommande aux diocèses et aux paroisses de continuer à proposer les moyens nécessaires à leur vie de foi.
Prélude de la Pentecôte!
Ces prises de parole au ton divergent de nos évêques (de France)ne sont pas un signe de division mais plutôt un prélude de la Pentecôte qui permet « à tous de parler d’autres langues et à chacun de s’exprimer selon le don de l’Esprit »(Actes 2,4)
Raison suffisante pour ce Conseil d’ y insister: « La fête de la Pentecôte devrait marquer, sauf reprise de l’épidémie, la fin du confinement sévère en matière de vie liturgique et sacramentelle.
Qui plus est le Conseil Permanent des évêques de France invite les catholiques à vivre le mois de mai comme un mois « au Cénacle » dans une prière instante pour le don de l’Esprit Saint et comme un mois marial. » Le temps de faire disparaitre toute confusion à tous les niveaux?
By Protogène BUTERA
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