Par Agnes KAMBAYIRE/Kigali
Le 7 avril 2019,Emmanuel Macron ne se rendra pas à Kigali pour commémorer les 25 ans du Génocide perpétré sur le sol du pays des Mille Collines. Encore que le Président rwandais, Paul Kagamé, l’ait invité personnellement, le Président français aurait choisi d’envoyer une délégation symbolique.
Paris n’aurait trouvé mieux que cette petite délégation dirigée par un Franco-rwandais, Hervé Berville, député du parti présidentiel(LRM). Pourquoi Macron se fait représenter par les Parlementaires seulement,sans aucun ministre?Est-ce une façon de minimiser l’importance de la cérémonie ou un signe de la persistance des malentendus?

Commission sur le rôle de la France au Rwanda de 1990-1994
Réputé pour sa franchise,Emmanuel Macron ne pouvait pas venir à Kigali sans être à même de porter un message vrai qui pourrait réconcilier les deux pays et réparer la mémoire déchirée par les thèses divergentes d’interprétation.
En publiant,ce 5 avril 2019,la composition de la Commission sur le rôle de la France au Rwanda de 1990-1994,le président français veut être sûr d’obtenir la vérité non-biaisée parce qu’établie par les professionnels de grande notoriété(spécialistes de la Shoah,du génocide arménien..).
Neuf chercheurs,spécialistes du Génocide rwandais
Sous l’égide de Vincent Duclert,historien et spécialiste de la question des génocides, la dite commission(8 autres chercheurs et historiens) aura une double mission dont la finalité a été déterminée par la présidence française: « contribuer à une meilleure compréhension et connaissance du Génocide des Tutsi et donner une matière historique nécessaire à l’enseignement de ce génocide en France »
L’objectif semble être clair pour nous: former la génération des chercheurs français qui seront spécialistes du génocide rwandais en vue d’éclairer la mémoire collective nationale(de la France). Est-ce que cela suffit pour redynamiser les relations bilatérales entre les deux pays?
Petites promesses et beaucoup d’attentes
Emmanuel Macron le sait bien. A ces petites promesses d’accès aux archives(sans aucun représentant des chercheurs rwandais)et de recherche de vérité historique de ce passé douloureux,il fallait ajouter d’autres gestes pour calmer les esprits des autorités rwandaises. C’est ce qu’il a fait en annonçant » l’accélération des procès de tous les génocidaires présumés sur le sol français. »
Mais, après le rapport de ces chercheurs(en deux ans,ce qui veut dire en 2021), la voix de la France sera crédible quand elle osera demander pardon.C’est peut-être ce moment que Macron attend.Nous, non plus, nous ne demandons pas plus.
Agnes KAMBAYIRE/Kigali