Journée mondiale des pauvres : leur puissant pouvoir pointé du doigt!

En cette journée mondiale des pauvres, il est difficile d‘évoquer  ce mot complexe et ambigu, parce que  susceptible de stigmatisation. Mais, en tant que chrétiens, grâce à lui  nous nous rappelons les premières paroles de Jésus Christ sur la Montagne quand il vit la foule qui le suivait : « Heureux les pauvres de cœur ! »(Mt 5,3)Comment ne pas bénéficier de ce bonheur qui les habite ? Pourquoi ne pas chercher à puiser sur cette source qui nous parait inaccessible parce que si profonde ?

Indéniablement, c’est une intuition géniale et pleine de sagesse qu’a eue le Pape François. La pauvreté dont il est question est cet enfant de l’inégalité là où la richesse appartient à quelques privilégiés. Aussi son message de cette année(2019) est-il ainsi énoncé : « L’espérance des pauvres ne sera jamais déçue.»

En effet, une telle pauvreté issue des injustices inacceptables est tellement un scandale aux yeux des riches que le pauvre est obligé de s’éloigner, se cacher, disparaître…Il doit, selon le Saint Père, « errer d’une partie de la ville à l’autre, dans l’espoir de trouver un travail, une maison… »Ce que confirme Saint Paul(deuxième lecture) : beaucoup voudraient « travailler dans le calme pour manger le pain qu’ils auront gagné »

Le pouvoir des  pauvres

Faute de ne rien trouver ou de ne trouver que des emplois précaires qui les poussent à vivre en dessous du seuil de  pauvreté, « le cœur de nombreuses personnes se ferme et le désir de devenir invisible prend le dessus…ces hommes et ces femmes sont de plus en plus étrangers de nos maisons et marginalisés dans nos quartiers.»

Par contre, le pouvoir du pauvre est d’avoir confiance dans le Seigneur. L’Église l’invite à crier vraiment sa souffrance : « Le pauvre crie, le Seigneur entend » (Ps33, 7) Puisque les hommes sont enclins à construire les murs, le jour du Seigneur, « brûlant comme la fournaise » (première lecture) en fera de la paille.

L’Église se fait donc l’écho de ce cri, parce que « dans sa proximité avec les pauvres, elle découvre qu’elle est un peuple qui, dispersé parmi tant de nations, a pour vocation de ne faire sentir à personne qu’il est étranger ou exclu, car tout le monde est impliqué dans un chemin commun de Salut…

Dans ce sens, la promotion sociale des pauvres n’est pas un engagement extérieur à la proclamation de l’Évangile. Au contraire, elle montre le réalisme de la foi chrétienne et sa valeur historique. « L’amour qui donne vie à la foi en Jésus ne permet pas à ses disciples de se replier dans un individualisme asphyxiant, caché dans des segments d’intimité spirituelle, sans aucune influence sur la vie sociale »

Une journée, source d’espérance

L’engagement des chrétiens, à l’occasion de cette Journée mondiale, et surtout dans la vie de tous les jours, ne consiste pas uniquement en des initiatives d’assistance qui, bien que louables et nécessaires, doivent viser à renforcer en chacun l’attention maximale qui est due à chaque personne en détresse dont le remède est l’espérance.

L’espérance se communique aussi à travers la consolation, qui se réalise en accompagnant les pauvres, non pas pour quelque moment chargé d’enthousiasme, mais avec un engagement qui dure dans le temps. Les pauvres acquièrent de l’espérance réelle non pas quand ils nous voient gratifiés pour leur avoir donné un peu de notre temps, mais lorsqu’ils reconnaissent dans notre sacrifice un acte d’amour gratuit qui ne cherche pas à être récompensé.

Le mérite des bénévoles et la bonté des pauvres

Aujourd’hui, aux nombreux bénévoles, auxquels il revient souvent le mérite d’avoir senti en premier l’importance de cette attention aux pauvres, je demande, dit le Pape François, de grandir dans leur dévouement. Et à vous tous, chers frères et sœurs, je vous exhorte à chercher, avec chaque personne pauvre que vous rencontrez, ce dont elle a vraiment besoin ; à ne pas vous arrêter à la première nécessité matérielle, mais à découvrir la bonté qui se cache dans leur cœur, en vous faisant attentifs à leur culture et à leurs façons de s’exprimer, pour pouvoir entamer un véritable dialogue fraternel.  Mettons de côté les divisions qui proviennent de visions idéologiques ou politiques, fixons le regard sur l’essentiel qui n’a pas besoin de beaucoup de mots, mais d’un regard d’amour et d’une main tendue.

Les pauvres ont avant tout besoin de Dieu, de son amour rendu visible par des personnes saintes qui vivent au côté d’eux, lesquelles, par la simplicité de leur vie, expriment et font émerger la force de l’amour chrétien. Dieu se sert d’innombrables routes et instruments pour atteindre le cœur des personnes.

Bien sûr, les pauvres nous approchent aussi parce que nous leur distribuons de la nourriture, mais ce dont ils ont vraiment besoin va au-delà du plat chaud ou du sandwich que nous proposons. Les pauvres ont besoin de nos mains pour se relever, de nos cœurs pour ressentir à nouveau la chaleur de l’affection, de notre présence pour vaincre la solitude. Ils ont simplement besoin d’amour.

Le regard sur l’essentiel

Parfois, il faut peu de choses pour redonner espérance : il suffit de s’arrêter, sourire, écouter. Pendant un jour, laissons de côté les statistiques ; les pauvres ne sont pas des chiffres attrayants pour se vanter de nos œuvres et de nos projets. Les pauvres sont des personnes à rencontrer ; jeunes ou âgés, à inviter à la maison pour partager un repas ; hommes, femmes et enfants qui attendent une parole amicale. Les pauvres nous sauvent parce qu’ils nous permettent de rencontrer le visage de Jésus-Christ.

La condition, pour que les disciples du Seigneur Jésus soient des évangélisateurs cohérents, est de semer des signes tangibles d’espérance. À toutes les communautés chrétiennes et à tous ceux qui ressentent l’exigence d’apporter espérance et réconfort aux pauvres, je leur demande de travailler pour que cette Journée mondiale renforce chez beaucoup, la volonté de collaborer efficacement afin que personne ne se sente privé de proximité et de solidarité. »

En vue de cette collaboration, nous avons jugé bon de réunir toutes les personnes chargées des affaires sociales(Mairies ) et le Secours catholique afin de donner à celles et ceux que nous accompagnons, cette parole d’encouragement du Christ:  » C’est par votre persévérance que vous garderez votre vie », car le risque de la perdre est grande.

Très bon dimanche!

P.Protogène BUTERA

Église: Un dimanche pour la Journée mondiale des pauvres

Pour ce 33ème Dimanche du Temps Ordinaire qui tombe cette année(2017)le 19 novembre,le Pape François a voulu que soit célébrée la Journée mondiale des pauvres.C’est une fête qui s’ajoute sur d’autres instituées par l’Église pour les besoins fondamentaux du moment.La question est de savoir si cette fête est destinée vraiment à les faire sortir de la pauvreté.Le Pape semble convaincu et explique la démarche à suivre:

« En ce dimanche,si dans notre quartier vivent des pauvres qui cherchent protection et aide,approchons-nous d’eux:ce sera un moment propice pour rencontrer le Dieu que nous cherchons.Selon l’enseignement des Écritures(cf Gn 18,3-5;Hé 13,2),accueillons-les comme des hôtes privilégiés à notre table;ils pourront être des maîtres qui nous aident à vivre la foi de manière plus cohérente.Par leur confiance et leur disponibilité à accepter l’aide,ils nous montre de manière sobre,et souvent joyeuse,combien il est important de vivre de l’essentiel et de nous abandonner à la providence du Père »

Il y a pauvreté et pauvreté…

Le Pape n’ignore pas qu’il y a des degrés différents de pauvreté.En proposant à l’Église cette journée,il ne fait pas abstraction des difficultés que nous avons à identifier les pauvres qui,parfois,évitent nos regards.Mais à un certain moment,la pauvreté ne se cache plus.Il s’en est rendu compte:

« La pauvreté nous interpelle chaque jour par ses mille visages marqués par la douleur,par la marginalisation,par l’abus,par la violence,par les tortues et par l’emprisonnement,par la guerre,par la privation de la liberté et de la dignité,par l’ignorance et par l’analphabétisme,par l’urgence sanitaire et par le manque de travail,par les traites et par les esclavages,par l’exil et par la misère,par la migration forcée.La pauvreté a le visage de femmes,d’hommes et d’enfants exploités pour de vils intérêts,piétinés par des logiques perverses du pouvoir et de l’argent.

Source de bénédiction

Sachant qu’il y a dans l’Église et dans le monde beaucoup de services au secours des plus pauvres(Caritas Internationalis,Secours Catholique,Secours Populaire…),le Pape indique combien de tels services sont source de bénédiction.Il l’exprime ainsi:

« Bénies(soient)les mains qui s’ouvrent pour accueillir les pauvres et pour les secourir:ce sont des mains qui apportent l’espérance.Bénies,les mains qui surmontent toutes les barrières de culture,de religion et de nationalité en versant l’huile de consolation sur les plaies de l’humanité.Bénies,les mains qui s’ouvrent sans rien demander en échange, sans »si »,sans »mais »,sans « peut-être »:ce sont des mains qui font descendre sur les frères la bénédiction de Dieu »

Est-ce que cet appel sera entendu en Libye,en Grèce(camps de Moria),en Turquie,au Liban…où réfugiés et migrants vivent cette triste réalité de la pauvreté indigne de l’homme?Qui pourra fêter pour ces pauvres gens? Vous et moi: N’aimons pas en paroles,mais par des actes.

By P.B